La mort du roi Tsongor

de Laurent Gaudé


Quatrième de couverture:

Dans une Antiquité imaginaire, le vieux Tsongor, roi de Massaba, souverain d’un empire immense, s’apprête à marier sa fille. Mais au jour des fiançailles, un deuxième prétendant surgit. La guerre éclate : c’est Troie assiégée, c’est Thèbes livrée à la haine. Le monarque s’éteint; son plus jeune fils s’en va parcourir le continent pour édifier sept tombeaux à l’image de ce que fut le vénéré – et aussi le haïssable – roi Tsongor.
Roman des origines, récit épique et initiatique, le livre de Laurent Gaudé déploie dans une langue enivrante les étendards de la bravoure, la flamboyante beauté des héros, mais aussi l’insidieuse révélation, en eux, de la défaite. Car en chacun doit s’accomplir, de quelque manière, l’apprentissage de la honte.

Mon avis:
Encore une fois je suis extrêmement touchée par la force, la justesse et la beauté de la plume de cet auteur... Bref, j'ai adoré!
Bien que placé dans une antiquité imaginaire, ce conte prend l'ampleur d'une épopée et on y retrouve la force de vrais héros mythologiques tel Alexandre dans Pour seul Cortège.

J'ai été emportée dès les premières pages du livre grâce au personnage de Katabolonga et aux termes du pacte qui l'unit à son ami intime Tsongor : la vie du roi lui appartient. On plonge alors dans la réalité sanglante de la construction d'un royaume et la violence des conquêtes qui précèdent cet âge d'or du souverain.

C'est à l'approche du mariage de sa fille Samilia que le sort de cette famille se scelle. Sango Kerim, ami d'enfance des enfants Tsongor que le roi a élevé comme son fils, revient réclamer son dû, la main de sa promise, mais le roi a déjà donné sa fille au prince Kouame.
Tsongor sait qu'aucun des deux prétendants ne permettra de voir son honneur bafoué. Il sait que son empire va s'écrouler, il sent l'odeur du sang qui approche... Il décide alors de mourir en espérant que suite au deuil, sa fille n'épouse personne. Il confie à son plus jeune fils la lourde mission de parcourir tout son royaume pour édifier sept tombeaux le représentant avant de choisir dans lequel le conduire. 

J'ai beaucoup apprécié les multiples symboles de cette quête: il éloigne son fils de la guerre, l'épargne, le protège mais il lui confie aussi le fardeau d'un souverain en lui faisant faire face à l'étendue et à l'histoire de son empire. Il lui permet également de découvrir qui était le roi Tsongor, au-delà du père qu'il a connu. Pour Tsongor c'est aussi le choix d'errer entre les deux mondes, de vivre dans le tourment   afin de payer ses crimes. 

Mais la mort du roi Tsongor n'empêchera pas les fils et les amis de s'entretuer, le sang va couler et Massaba va brûler. Katabolonga veille et parle avec son ami pendant que Souba part à dos d'âne parcourir le royaume et que les armées de Sango Kerim et du prince Kouame s'affrontent sans relâche.

J'ai aimé ce lien extrêmement fort entre Tsongor et Katabolonga, au delà de la mort, jusqu'à son dernier tombeau... Laurent Gaudé dépeint aussi avec beaucoup de couleur les différentes tribus qui participent aux combats et malgré la poésie de son style, il ne nous épargne rien. 
Enfin, j'ai énormément apprécié la place qu'il donne à cette princesse : l'oubliée! Samilia est l'objet de toutes les convoitises. Pour sa main, les prétendants font éclater la violence. Mais dans leur querelle d'honneur ils l'oublient, elle, et sont même prêts à la sacrifier. Quelle force doit-elle mobiliser pour continuer d'agir comme une reine! C'est la tête haute qu'elle subit son destin et qu'elle leur tourne le dos!
J'ai d'autant plus aimé la fin car Souba, après avoir accompli sa mission, veut réparer la faute des Tsongor: "Il restait Samilia que tous avaient oubliée et que la vie avait saccagée."

J'ai lu ce roman dans le cadre d'une LC organisée par unchocolatdansmonroman, les avis des autres participants sont ICI!

 

Commentaires