1984

de George Orwell


Quatrième de couverture:
De tous les carrefours importants, le visage à la moustache noire vous fixait du regard. Il y en avait un sur le mur d'en face. BIG BROTHER VOUS REGARDE, répétait la légende, tandis que le regard des yeux noirs pénétrait les yeux de Winston... Au loin, un hélicoptère glissa entre les toits, plana un moment, telle une mouche bleue, puis repartit comme une flèche, dans un vol courbe. C'était une patrouille qui venait mettre le nez aux fenêtres des gens. Mais les patrouilles n'avaient pas d'importance. Seule comptait la Police de la Pensée.

Mon avis:
J'ai été bluffé par ce livre d'anticipation de George Orwell très rapidement et cette sensation ne m'a pas quittée. J'avais beaucoup apprécié dans la ferme des animaux sa manière d'aborder l'exploitation et la manipulation politique et psychologique, sous forme d'un conte philosophique décalé, d'une fable animalière lourde de sens. Ici le sujet et le même mais dès le début du livre on est avec Winston sous le regard omniprésent de Big Brother et j'ai senti au fil des pages cette pression constante. Je ne peux donc pas dire que cette lecture a été plaisante, mais elle a cependant était très intéressante!

L'emploi de Winston nous en dit déjà long sur le fonctionnement de sa société. Des services entiers sont dédiés, non pas à la censure, ni même à la falsification, c'est au delà de tout ça: il s'agit de la perpétuelle réécriture de tous les évènements afin que ne reste que ce qui est favorable au Parti.
"Jour après jour, et presque minute après minute, le passé était mis à jour."
Par la rapide description  des différents ministères, on est amené à réfléchir sur cet ennemi omniprésent mais qu'on ne cible par encore très clairement. Tout le monde est suspect. Tout le monde est le Parti. Impossible de savoir qui peut être contre. Même les enfants sont élevés pour dénoncer leurs parents.
Winston, lui veut être libre. il se souvient de certaines choses... ou pas. Il cherche de l'espace pour écrire, pour se promener, pour vivre.
"La liberté, c'est la liberté de dire que deux et deux font quatre. Lorsque cela est accordé, le reste suit."
Orwell réussit avec brio à faire de cet axiome tout bête un réel symbole de la liberté quand à la fin Winston va être forcé d'admettre qu'il est faux: 2+2=5, et à quel prix!

J'ai beaucoup aimé sa rencontre avec Julia. Elle aussi veut vivre mais elle n'a aucun recul politique. Elle déteste le Parti mais ne remet rien en question. L'égalité lui importe peu. Seules ses libertés comptent.
"La vie telle qu'elle la concevait était tout à fait simple. On voulait du bon temps. "Eux", c'est à dire les gens du Parti, voulaient vous empêcher de l'avoi. On tournait les règles de son mieux."
Ils sont donc très différents et à chacune de leurs rencontres, malgré le bien être qu'ils partagent dans ces moments, un fossé se creuse au niveau de leurs conceptions. Cette différence fait réfléchir aux raisons réelles qui poussent à la rebellion, au combat ou à la résistance.

Lors de sa rencontre avec O'Brien, il va toucher de près à la Fraternité. Mais là encore la pression persiste, car il ne trouve aucun soutien, aucune aide. Alors qu'il jure être prêt à perpétrer les pires atrocités au nom de la lutte contre le Parti, il ne fait finalement partie de rien:
"Il faudra vous habituer à vivre sans obtenir de résultats et sans espoirs. Vous travaillerez un bout de temps, vous serez pris , vous vous confesserez et vous mourrez. Ce sont les seuls résultats que vous verrez jamais. Il n'y a aucune possibilité pour q'un changement perceptible ait lieu pendant la durée de votre existence."
Il va pouvoir poursuivre sa réflexion et "matérialiser" ses pensées grâce à la lecture du livre, et nous aussi d'ailleurs! Le style est alors celui d'un traité politique. Là encore ce n'est pas des plus agréables à lire et pourtant c'est encore très intéressant! Les mots sont mis sur le fonctionnement de telles dictatures, sur les mécanismes de cette exploitation, sur les fondements de la manipulation des masses.
"Le mot guerre, lui même est devenu erroné. Il serait probablement plus exact de dire qu'en devenant continue, la guerre a cessé d'exister."
"Mais aucune augmentation de richesse, aucun adoucissement des moeurs, aucune réforme ou révolution n'a jamais rapproché d'un millimètre l'égalité humaine."

Bien sûr le Parti est au courant de tout. Evidemment O'Brien n'est en rien un résistant et leur nid douillet est loin d'une cachette sûre. A aucun moment je n'ai pu imaginer que Winston puisse assister ou participer à un renversement politique. Pourtant j'ai été très surprise qu'il aille aussi loin à la fin du livre. La pression monte encore d'un cran avec un description si claire de la violence psychologique.
"Nous allons vous presser jusqu'à ce que vous soyez vide puis nous vous emplirons de nous-même."

Même si je comprends l'importance de la suppression des mots, de leur choix, de leur signification et donc le symbole fort de l'utilisation du novlangue, je n'ai pas accroché du tout à la conception de cette onzième édition du dictionnaire et à tout l'appendice qui fait état de l'évolution de cette langue.

George Orwell m'impressionne à nouveau dans sa capacité à traiter ce sujet de manière si approfondie et à mener (et nous faire mener) la réflexion aussi loin!

J'ai lu ce livre dans le cadre d'une lecture commune organisée par angelebb . Merci beaucoup pour la découverte de ce grand classique!
Les avis des autres participants sont ICI!





Commentaires

  1. J'en garde un souvenir très fort, je le relirai sûrement prochainement ...

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  2. Classique, SF, dystopie...en tout cas un grand livre à lire par tous!
    J'en ai adoré la lecture et je découvre de George Orwell par ce livre!
    Contrairement à toi, j'ai révé que Winston touche à ses rêves et quelle surprise fut le dénouement de cette histoire!!!!
    Merci de ta participation!!!

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  3. étudié dans mes années lycée, je te dis pas comme il m'a fait flippé :)

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  4. Je garde un souvenir pénétrant de cette lecture, et je trouve que ton avis rend très bien compte de l'oppression qui y est à l'oeuvre. Je m'y replongerais bien, tiens !

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  5. J'avais beaucoup aimé ce livre même si je dois avouer que la fin m'avais un peu dégoûté. ^^

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    1. Je m'y attendais, mais je ne pensais pas que ce serai aussi TOTAL!

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  6. Bon billet :)
    C'est vrai que la personnalité de Julia est à développer. Le type même de la personne clairvoyante et qui comprend qu'il ne faut pas s'opposer au système mais le détourner. Une forme de résistance quand même.

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    1. Merci ;-)
      mais elle ne le détourne qu'à ses fins....

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  7. Moi je l'ai lu quand j'étais en terminale en anglais, ainsi qu'Animal Farm, et je l'ai jamais relu depuis. Mais à l'époque, je l'avais trouvé trés oppressant et peut être un peu jeune encore pour le lire surtout en VO.

    En tout cas, joli billet ^^

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  8. Un livre vraiment impressionnant qui m'a profondément marqué ! je suis contente qu'il t'ait plu également !

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  9. je comprends qu'il faille le lire car l'univers dépeint par l'auteur est vraiment bien travaillé mais en dehors de ça je n'ai pas été particulièrement emballée.. je trouve qu'il manque quelque chose

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    1. C'est vrai qu'une partie du charme de cette pauvre m'a paru être dans le cheminement du lecteur... qui n'est pas dans le livre du coup!!!

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